Travailler en pédagogie sociale, c’est travailler autrement.


Par Christophe Pruvot

Lorsque nous intervenons dans le milieu et la réalité, dans l’espace public, dans les structures accessibles (sans conditions et sans « murs), nous sommes visibles et rendons visible les actions et les personnes, nous réhabilitons le collectif, nous portons de l’attention aux autres, nous apportons du soin et nous soignons le terrain, nous inscrivons notre action dans la durée et dans la régularité. Nous sommes présents et agissons en proximité pour transformer ; une transformation sociale qui se veut politique.

Les pratiques que nous proposons trouvent leur fondement dans la pédagogie sociale (Freinet, Freire, Korczak, Radlinska) : un travail en dehors de structures traditionnelles qui se vit, essentiellement, dans les espaces ordinaires de la société. C’est un travail qui invite à la rencontre parce qu’il est visible et en libre accès. Notre pédagogie nous permet de travailler à partir de la réalité, de réhabiliter le collectif (le groupe soutient, protège, nourrit). Nous mettons en œuvre l’inconditionnalité de l’accueil et notre intention est de porter beaucoup d’attention à autrui. Nos actions sont stables, durables et régulières. Quand la précarité nous rappelle à l’incertitude et à l’insécurité, nous travaillons dans le long terme, nous osons la proximité et la relation authentique. A l’heure de la distance, nous proposons la présence parce que c’est à nous qu’il revient de nous occuper de celle et de celui qui est venu nous voir, nous rencontrer.

La pédagogie sociale est une approche intégrale qui nous permet d’avoir une ambition, une visée, une vision politique radicale : une société juste, coopérative, communautaire où les institutions seraient organisées et gérées par le peuple dans toute sa diversité (toutes les femmes, tous les hommes et tous les enfants). Pour nous, faire société, ce n’est pas seulement partir des besoins, c’est aussi partir des désirs, de la souveraineté sur le travail : un travail joie, un travail désiré, un travail vivant qui propose une délibération collective sur ce qui est produit. Faire société : c’est aussi l’éducation du « faire commun », c’est l’émancipation par le travail. Pour nous, les biens et les services premiers doivent être gratuits : école, transports, santé, alimentation, logement, arts… Il doit exister une consommation collective gratuite. Pour nous, la vie est activité et cette activité (ce travail) crée de la valeur pour la collectivité, pour notre communauté. Les gens font et cela vaut, cela a une valeur en soi. Notre visée se situe dans le champ des politiques de l’émancipation. C’est une marche de l’humanité vers son émancipation collective. Cette émancipation est celle des anonymes, des sans « noms », celle des masses tenues pour insignifiantes par l’État. Cette visée, cette idée est en travail, ici et elle porte l’espoir de créer de nouveaux possibles. C’est l’idée communiste : pas le communisme de parti, pas le communisme d’État mais le communisme en travail (celui du « faire commun ») dans les espaces ordinaires de la société.

En quelques mots, nos bases pour cette pratique en pédagogie sociale sont la libre adhésion, la libre circulation, la stabilité des actions et des acteurs, le mélange des âges, l’autonomie, la dimensions affective, l’inconditionnalité de l’accueil…

Quand aucune activité n’est conditionnée à une adhésion, nous appelons cela la libre adhésion. Chacun peut venir selon ses envies, ses besoins et ses désirs. Chacun est libre d’adhérer ou non à notre association, de participer ou non à sa vie démocratique, à sa vie quotidienne. L’adhésion est libre, aussi, parce qu’elle est gratuite. Chacun peut donner de son temps, chacun peut faire un don d’argent ou de matériel si cela lui est possible. Mais en aucun cas l’adhésion est obligatoire et conditionne l’accès aux actions, aux activités, aux accueils.

Pas besoin de demander l’autorisation d’aller et de venir, tout le monde peut venir quand il veut (libre circulation). Chacun est libre de partir, de quitter une activité, de participer à l’heure qui le souhaite. Chaque personne doit se sentir libre de pousser la porte, de nous rejoindre dans l’espace public, de prendre le temps, de pratiquer à son rythme, de circuler librement.

On est en mouvement, on est en travail, on part des aspirations, des désirs. Notre organisation facilite l’expression de chacun et l’accès aux ressources comme le matériel, les bâtiments, les véhicules, les moyens de paiement (libre initiative). L’initiative est possible si elle n’est pas contrainte par des conditions ou des demandes d’autorisation sans fin.

Nos activités sont stables, cela veut dire qu’elles existent dans la durée. Chacun peut, donc, retrouver l’activité qu’il désire pratiquer, l’action dans laquelle il s’est engagé. Les actions sont des repères (stabilité des actions). Nous avons ritualisé le fonctionnement et cela apporte des sécurités.

Les permanents, ce sont les pédagogues sociaux (bénévoles et salariés), elles et ils sont là tous les jours parce que c’est important que les personnes que nous fréquentons puissent les retrouver (nous retrouver). La stabilité des permanents permet de bâtir des relations qui durent, qui s’installent : on se connaît « pour de vrai » et on espère pour longtemps parce que stabilité va de pair avec fidélité.

Les activités sont multiples, nous proposons des « rendez-vous » hebdomadaires et permettons que les activités soient possibles chaque jour. Les activités ne sont pas conditionnées à des horaires, à des jours (non-spécificité des activités). Nous laissons la possibilité de pratiquer des activités quand on le souhaite si l’organisation s’y prête.

Nous nous inscrivons dans une proximité et intervenons dans les espaces ordinaires (dans le milieu ouvert), c’est-à-dire dans l’espace public, au plus près des habitations, des lieux de vie. Dans « nos murs », nous essayons de favoriser l’ouverture des espaces. Nous décloisonnons pour permettre la circulation, la liberté, les échanges, les initiatives, les prises de responsabilités.

Tout le monde peut pratiquer une activité ou participer sans condition d’âges (mélange des âges), sans condition de niveau (pas de notion de débutants, d’amateurs, de confirmés, d’experts). Nous sommes tous travailleurs, tous pratiquants, tous auteurs, tous acteurs. Un enfant peut faire du sport avec une personne retraitée, les collégiens font leurs devoirs avec les enfants de CE1, les parents jouent aux jeux vidéo, les enfants font la cuisine.

Les sentiments et les émotions font partis de la nature humaine, nous en tenons compte. Nous les prenons au sérieux (dimension affective). Nous nous attachons aux personnes que nous côtoyons, que nous fréquentons, que nous connaissons. Nous exprimons nos émotions, nos sentiments. Nous prenons des nouvelles, nous nous intéressons au « moral ». 

C’est la construction de liens de dépendances qui va permettre l’autonomie. C’est parce qu’il existe des liens entre nous que nous savons sur qui nous pouvons compter. Nous n’hésitons pas à demander de l’aide, du soutien, un coup de main… Nous n’hésitons pas à donner de l’aide ou un coup de main (autonomie des publics, des permanents et des acteurs sociaux). C’est parce que nous ne sommes pas seuls, parce que nous sommes ensemble que nous sommes autonomes.

Nous ne croyons pas en l’organisation horizontale sans « chef », sans référent où tout le monde est sur un pied d’égalité. Nous croyons en une organisation en relief où chacun peut prendre sa part, peut prendre des responsabilités à tour de rôle, selon l’activité, selon le moment, selon la mission (remise en cause de l’écart entre professionnels et habitants). Le professionnel n’est pas au-dessus parce qu’il a un contrat de travail et un diplôme. Chaque personne a une expérience et des savoirs que nous respectons, que nous considérons, que nous reconnaissons.

L’inconditionnalité, c’est s’adapter à la vitesse de l’autre et c’est partager avec lui. Nous prenons la réalité sans la juger. L’accueil, c’est faire une place à la personne qui pousse la porte. La notion d’accueil qui nous importe est celle qui renvoie à l’hospitalité et à la convivialité (inconditionnalité de l’accueil). Cet accueil se construit dans un climat serein et aimable où l’on se retrouve en sécurité et où l’on peut recevoir de l’attention du soin et du réconfort.

Les enfants sont remplis d’énergie. Ils nous sortent de la routine. Nous savons que c’est avec les enfants que nous allons créer des relations durables avec la famille. Les enfants sont un lien avec le quartier (les enfants comme alliés).  Notre intention est de permettre aux enfants de transformer le milieu, de le rendre habitable. Les enfants sont considérés comme des « citoyens » et non comme des petits en devenir. Ils sont là entièrement et nous avons la responsabilité de leur développement.

Nous sommes au travail chaque jour sans afficher de programme parce qu’il se passe toujours quelque chose, parce que nous ne sommes pas seuls. Quand le néolibéralisme détruit l’humain et le vivant, nous construisons un commun, une communauté de territoire, une communauté de destin. Nous travaillons autrement autour de la relation, du don, de la confiance, de la convivialité, de l’hospitalité, des moments, de la fête, du travail, du soin, de la sécurité, du réconfort, de l’organisation, de la rigueur.

Lorsque nous intervenons dans le milieu et la réalité, dans l’espace public, dans les structures accessibles (sans conditions et sans « murs), nous sommes visibles et rendons visible les actions et les personnes, nous réhabilitons le collectif, nous portons de l’attention aux autres, nous apportons du soin et nous soignons le terrain, nous inscrivons notre action dans la durée et dans la régularité. Nous sommes présents et agissons en proximité pour transformer ; une transformation sociale qui se veut politique.

Les pratiques que nous proposons trouvent leur fondement dans la pédagogie sociale (Freinet, Freire, Korczak, Radlinska) : un travail en dehors de structures traditionnelles qui se vit, essentiellement, dans les espaces ordinaires de la société. C’est un travail qui invite à la rencontre parce qu’il est visible et en libre accès. Notre pédagogie nous permet de travailler à partir de la réalité, de réhabiliter le collectif (le groupe soutient, protège, nourrit). Nous mettons en œuvre l’inconditionnalité de l’accueil et notre intention est de porter beaucoup d’attention à autrui. Nos actions sont stables, durables et régulières. Quand la précarité nous rappelle à l’incertitude et à l’insécurité, nous travaillons dans le long terme, nous osons la proximité et la relation authentique. A l’heure de la distance, nous proposons la présence parce que c’est à nous qu’il revient de nous occuper de celle et de celui qui est venu nous voir, nous rencontrer.

La pédagogie sociale est une approche intégrale qui nous permet d’avoir une ambition, une visée, une vision politique radicale : une société juste, coopérative, communautaire où les institutions seraient organisées et gérées par le peuple dans toute sa diversité (toutes les femmes, tous les hommes et tous les enfants). Pour nous, faire société, ce n’est pas seulement partir des besoins, c’est aussi partir des désirs, de la souveraineté sur le travail : un travail joie, un travail désiré, un travail vivant qui propose une délibération collective sur ce qui est produit. Faire société : c’est aussi l’éducation du « faire commun », c’est l’émancipation par le travail. Pour nous, les biens et les services premiers doivent être gratuits : école, transports, santé, alimentation, logement, arts… Il doit exister une consommation collective gratuite. Pour nous, la vie est activité et cette activité (ce travail) crée de la valeur pour la collectivité, pour notre communauté. Les gens font et cela vaut, cela a une valeur en soi. Notre visée se situe dans le champ des politiques de l’émancipation. C’est une marche de l’humanité vers son émancipation collective. Cette émancipation est celle des anonymes, des sans « noms », celle des masses tenues pour insignifiantes par l’État. Cette visée, cette idée est en travail, ici et elle porte l’espoir de créer de nouveaux possibles. C’est l’idée communiste : pas le communisme de parti, pas le communisme d’État mais le communisme en travail (celui du « faire commun ») dans les espaces ordinaires de la société.

En quelques mots, nos bases pour cette pratique en pédagogie sociale sont la libre adhésion, la libre circulation, la stabilité des actions et des acteurs, le mélange des âges, l’autonomie, la dimensions affective, l’inconditionnalité de l’accueil…

Quand aucune activité n’est conditionnée à une adhésion, nous appelons cela la libre adhésion. Chacun peut venir selon ses envies, ses besoins et ses désirs. Chacun est libre d’adhérer ou non à notre association, de participer ou non à sa vie démocratique, à sa vie quotidienne. L’adhésion est libre, aussi, parce qu’elle est gratuite. Chacun peut donner de son temps, chacun peut faire un don d’argent ou de matériel si cela lui est possible. Mais en aucun cas l’adhésion est obligatoire et conditionne l’accès aux actions, aux activités, aux accueils.

Pas besoin de demander l’autorisation d’aller et de venir, tout le monde peut venir quand il veut (libre circulation). Chacun est libre de partir, de quitter une activité, de participer à l’heure qui le souhaite. Chaque personne doit se sentir libre de pousser la porte, de nous rejoindre dans l’espace public, de prendre le temps, de pratiquer à son rythme, de circuler librement.

On est en mouvement, on est en travail, on part des aspirations, des désirs. Notre organisation facilite l’expression de chacun et l’accès aux ressources comme le matériel, les bâtiments, les véhicules, les moyens de paiement (libre initiative). L’initiative est possible si elle n’est pas contrainte par des conditions ou des demandes d’autorisation sans fin.

Nos activités sont stables, cela veut dire qu’elles existent dans la durée. Chacun peut, donc, retrouver l’activité qu’il désire pratiquer, l’action dans laquelle il s’est engagé. Les actions sont des repères (stabilité des actions). Nous avons ritualisé le fonctionnement et cela apporte des sécurités.

Les permanents, ce sont les pédagogues sociaux (bénévoles et salariés), elles et ils sont là tous les jours parce que c’est important que les personnes que nous fréquentons puissent les retrouver (nous retrouver). La stabilité des permanents permet de bâtir des relations qui durent, qui s’installent : on se connaît « pour de vrai » et on espère pour longtemps parce que stabilité va de pair avec fidélité.

Les activités sont multiples, nous proposons des « rendez-vous » hebdomadaires et permettons que les activités soient possibles chaque jour. Les activités ne sont pas conditionnées à des horaires, à des jours (non-spécificité des activités). Nous laissons la possibilité de pratiquer des activités quand on le souhaite si l’organisation s’y prête.

Nous nous inscrivons dans une proximité et intervenons dans les espaces ordinaires (dans le milieu ouvert), c’est-à-dire dans l’espace public, au plus près des habitations, des lieux de vie. Dans « nos murs », nous essayons de favoriser l’ouverture des espaces. Nous décloisonnons pour permettre la circulation, la liberté, les échanges, les initiatives, les prises de responsabilités.

Tout le monde peut pratiquer une activité ou participer sans condition d’âges (mélange des âges), sans condition de niveau (pas de notion de débutants, d’amateurs, de confirmés, d’experts). Nous sommes tous travailleurs, tous pratiquants, tous auteurs, tous acteurs. Un enfant peut faire du sport avec une personne retraitée, les collégiens font leurs devoirs avec les enfants de CE1, les parents jouent aux jeux vidéo, les enfants font la cuisine.

Les sentiments et les émotions font partis de la nature humaine, nous en tenons compte. Nous les prenons au sérieux (dimension affective). Nous nous attachons aux personnes que nous côtoyons, que nous fréquentons, que nous connaissons. Nous exprimons nos émotions, nos sentiments. Nous prenons des nouvelles, nous nous intéressons au « moral ». 

C’est la construction de liens de dépendances qui va permettre l’autonomie. C’est parce qu’il existe des liens entre nous que nous savons sur qui nous pouvons compter. Nous n’hésitons pas à demander de l’aide, du soutien, un coup de main… Nous n’hésitons pas à donner de l’aide ou un coup de main (autonomie des publics, des permanents et des acteurs sociaux). C’est parce que nous ne sommes pas seuls, parce que nous sommes ensemble que nous sommes autonomes.

Nous ne croyons pas en l’organisation horizontale sans « chef », sans référent où tout le monde est sur un pied d’égalité. Nous croyons en une organisation en relief où chacun peut prendre sa part, peut prendre des responsabilités à tour de rôle, selon l’activité, selon le moment, selon la mission (remise en cause de l’écart entre professionnels et habitants). Le professionnel n’est pas au-dessus parce qu’il a un contrat de travail et un diplôme. Chaque personne a une expérience et des savoirs que nous respectons, que nous considérons, que nous reconnaissons.

L’inconditionnalité, c’est s’adapter à la vitesse de l’autre et c’est partager avec lui. Nous prenons la réalité sans la juger. L’accueil, c’est faire une place à la personne qui pousse la porte. La notion d’accueil qui nous importe est celle qui renvoie à l’hospitalité et à la convivialité (inconditionnalité de l’accueil). Cet accueil se construit dans un climat serein et aimable où l’on se retrouve en sécurité et où l’on peut recevoir de l’attention du soin et du réconfort.

Les enfants sont remplis d’énergie. Ils nous sortent de la routine. Nous savons que c’est avec les enfants que nous allons créer des relations durables avec la famille. Les enfants sont un lien avec le quartier (les enfants comme alliés).  Notre intention est de permettre aux enfants de transformer le milieu, de le rendre habitable. Les enfants sont considérés comme des « citoyens » et non comme des petits en devenir. Ils sont là entièrement et nous avons la responsabilité de leur développement.

Nous sommes au travail chaque jour sans afficher de programme parce qu’il se passe toujours quelque chose, parce que nous ne sommes pas seuls. Quand le néolibéralisme détruit l’humain et le vivant, nous construisons un commun, une communauté de territoire, une communauté de destin. Nous travaillons autrement autour de la relation, du don, de la confiance, de la convivialité, de l’hospitalité, des moments, de la fête, du travail, du soin, de la sécurité, du réconfort, de l’organisation, de la rigueur.