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Un centre social sous pilotage : le risque de l’alignement institutionnel


Par Christophe Pruvot

Il est des scènes qui, sous leurs apparences anodines ou administratives, racontent en creux une histoire bien plus profonde. Celle d’un glissement progressif, presque imperceptible, de ce qu’était (et pourrait encore être) un centre social, vers ce qu’il devient lorsqu’il se laisse absorber par les logiques de ses financeurs, lorsqu’il s’aligne sur les attentes institutionnelles, jusqu’à en épouser la novlangue, les grilles de lecture et les modes de pilotage. Cette scène, rapportée dans le cadre d’un comité de pilotage d’évaluation à mi-parcours d’agrément CAF, illustre avec acuité ce basculement. Et pose une question centrale : à quoi sert encore un centre social aujourd’hui ? Et pour qui agit-il ?

PARTIE 1 : consentement, contradictions et réorganisation

Une mise en scène du consentement

Ce type de réunion n’a rien d’anodin. Sous couvert d’évaluation ou de pilotage, elle opère comme une mise en scène du consentement mutuel entre le centre social et ses financeurs. Chacun y joue son rôle : la direction du centre social se montre performante, alignée, apaisante, elle rassure, elle démontre, elle valorise. Les partenaires institutionnels, eux, écoutent, posent quelques questions, valident : ils exercent un contrôle feutré, tout en maintenant l’illusion d’un dialogue partenarial. En réalité, cette réunion ne produit pas de débat, elle n’ouvre aucun espace contradictoire. Elle vise avant tout à rassurer les financeurs et à légitimer les choix opérés.

Derrière les PowerPoint, les bilans d’activité et les indicateurs d’impact, se joue une autre scène : celle d’un rapport de pouvoir. L’enjeu pour les institutions est clair : surveiller, évaluer, vérifier la conformité des centres sociaux aux objectifs des politiques publiques : prévention, insertion, cohésion sociale, tranquillité publique. Le centre social devient alors un bras armé des politiques territoriales, un lieu où sont mises en oeuvre des missions sociales, un intermédiaire docile pour atteindre des publics que l’État et les collectivités ne savent plus rejoindre.

Et c’est précisément cela qui est alarmant : le centre social ne fait plus peur. Il ne gêne pas. Il ne proteste pas. Il répond. Il adapte. Il produit des indicateurs. Il rend des comptes. Il devient l’endroit parfait où les institutions peuvent continuer à exister symboliquement dans les quartiers populaires, sans y être vraiment présentes.

Des professionnels pris dans la contradiction : entre vocation sociale et injonctions gestionnaires

Dans ce dispositif, les professionnels du centre social deviennent les premiers otages de cette mise en conformité silencieuse. Ils sont sommés de s’adapter, de produire, de remplir, de faire projet mais sans toujours comprendre le sens de ce qu’on leur demande. La parole leur échappe. Leurs ressentis sont disqualifiés. Leur expertise de terrain est reléguée. Ce ne sont pas leurs récits, leurs doutes, leurs réflexions qui intéressent, mais leur capacité à cocher des cases, à répondre aux objectifs préétablis, à monter des actions mesurables dans les bilans d’activité.

Ce que produit cette logique, c’est une dépossession professionnelle. On ne travaille plus en partant du terrain, mais en partant des attendus. On ne construit plus de liens dans la durée, on enchaîne des projets. On ne politise plus les inégalités sociales, on les gère sous forme d’activités thématiques. On ne crée plus des espaces de mobilisation collective, on accompagne individuellement des parcours de vie catégorisés.

Les professionnels du social, formés à l’animation, à l’intervention sociale ou à l’éducation populaire, deviennent des agents polyvalents de la pacification sociale, instrumentalisés dans des missions de réduction des dysfonctionnements de quartier : incivilités, éloignement de l’emploi, déscolarisation, etc. On ne leur demande pas d’interroger les causes, encore moins de proposer des alternatives : on leur demande de tenir, d’occuper, d’accompagner.

Perte de sens et réorganisation silencieuse du travail social

Ce contexte génère une souffrance professionnelle souvent tue, parce que culpabilisante. Celles et ceux qui veulent bien faire se retrouvent à trahir leurs propres valeurs. Ceux qui résistent sont disqualifiés ou marginalisés comme rétifs au changement. La critique interne est neutralisée par la dynamique d’équipe, par l’urgence, ou par peur des représailles.

Ce qu’on observe alors, c’est un travail social réorganisé autour de la forme projet, soumis à des logiques d’évaluation et de résultats qui pervertissent les fondements mêmes de l’action éducative, sociale, politique. L’évaluation devient une fin en soi, un langage dominant, qui réduit la complexité humaine à des indicateurs, des tableaux de bord, des retours positifs.

Le centre social, à travers ses équipes, devient le gestionnaire de la misère sociale, sans plus pouvoir dire ni d’où elle vient, ni comment la combattre. Il n’est plus cet espace d’expérimentation collective, de lutte contre les inégalités, mais un rouage dans la machine du contrôle social.

PARTIE 2 : analyse d’une approche néolibérale

Une parole confisquée, un récit verrouillé

Une réunion est symptomatique de ce que Jacques Rancière nomme « le partage du sensible » : qui parle, qui est écouté, qui est reconnu comme légitime pour produire du discours sur la réalité sociale ? Ici, seule la direction du centre social prend la parole. Elle déroule un récit stratégique, construit, orienté, sans contradictions apparentes. Les salariés sont absents. Les habitants aussi. Cette confiscation de la parole, ce monopole du discours, est une violence symbolique. Elle renverse les logiques de pouvoir au cœur même du projet social. Celui-ci, rappelons-le, devrait être construit par et avec les habitants, à partir de leurs réalités, en croisant les regards des équipes, et non pas au-dessus d’eux, dans une verticalité managériale où l’autoritarisme et la hiérarchie remplacent le collectif.

Un récit de sauvetage, ou la figure du sauveur managérial

La direction se positionne comme héroïne d’un récit de redressement. Avant elle : chaos, déficits, passivité, désordre. Après elle : redressement budgétaire, projets dynamiques, nouveaux publics, partenariats florissants. Cette narration n’est pas anodine. Elle épouse les codes de l’évaluation néolibérale : diagnostic initial alarmiste (justifiant l’intervention), plan d’action (pragmatique et mesurable), amélioration visible (sous forme d’indicateurs), auto-valorisation (preuve de leadership et justification de l’autorité). Ce schéma est typique d’un management par objectifs où la direction devient garante d’un redressement, fût-ce au prix d’un effacement des équipes et d’une invisibilisation des conflits de terrain. Mais est-ce cela le rôle d’un centre social ? Ou est-ce celui d’un cabinet de consultant ?

Le centre social comme bras armé des politiques publiques

On observe ici une inversion des finalités. Le centre social semble devenir le prolongement opérationnel des institutions : la CAF, mais aussi la ville, les politiques de prévention, les dispositifs sécuritaires ou de cohésion sociale. Il est valorisé parce qu’il est utile, non pas aux habitants, mais aux financeurs. Il devient un instrument, un levier, un outil pour atteindre des publics que les institutions ne parviennent plus à rejoindre directement. Il ne dérange pas, ne porte plus la voix des dominés, il gère les publics, les anime, les occupe, parfois les calme. Il administre le social plus qu’il ne le transforme. Il neutralise les tensions plus qu’il ne les politise.

L’évaluation comme nouvelle vérité

Le discours de la CAF valorise la mesure d’impact, les indicateurs, les preuves. On demande du qualitatif… mais objectivé. On refuse le ressenti. Pourtant, le travail social et éducatif, comme le rappelle la tradition de l’éducation populaire, se fonde sur l’expérience vécue, sur les subjectivités, sur l’invisible et le sensible. En prétendant tout mesurer, en survalorisant les données, on dépolitise les réalités sociales. Le langage de la preuve objective, sous couvert de rigueur, disqualifie les vécus, les récits, les émotions, les résistances. Il est une forme de colonisation insidieuse du champ social par les logiques gestionnaires.

Le centre social : institution ou contre-institution ?

Historiquement, les centres sociaux naissent dans une tension féconde : insérés dans les politiques publiques, mais porteurs d’un contre-discours, d’un pouvoir d’agir citoyen, d’un ancrage critique. Ils sont des lieux de médiation entre institutions et habitants, mais aussi des lieux de friction, de conflictualité démocratique. Quand un centre social se contente de suivre ses financeurs, de répondre aux appels à projets, d’adapter ses actions aux attendus institutionnels, il perd cette capacité critique. Il devient docile, inadapté à sa propre mission. Et la question devient brûlante : qui évalue qui ? Qui pilote quoi ? Et pour quoi faire ?

L’absence des salariés et des habitants : un symptôme grave

Ce qui frappe, dans cette scène de réunion, c’est le vide. Aucun salarié. Aucun habitant. Aucun collectif vivant. Personne pour raconter la réalité du travail, des tensions, des réussites à hauteur de personne. Rien que des mots sur des chiffres, des évaluations descendantes, des discours satisfaits. Cette absence dit tout. Elle signale un effacement des subjectivités, une dépossession démocratique, une rupture de confiance. Elle révèle une structure verticale, autoritaire, managériale, éloignée des principes mêmes de l’éducation populaire : participation, horizontalité, co-construction, autonomie.

Méthode, pouvoir et responsabilité : repolitiser l’organisation

La méthode utilisée ici est typique d’une approche technocratique et néolibérale : diagnostic sombre, redressement par une seule personne, indicateurs d’impact. Elle nie les processus collectifs, elle réduit le politique au pilotage. Responsabiliser les équipes dans ce cadre revient souvent à les accuser d’immobilisme, à dépolitiser leur souffrance, à ignorer les effets de structure. Ce n’est pas une responsabilisation, mais une culpabilisation. Or, comme nous le rappelle Paulo Freire avec cette idée : « personne ne se libère tout seul : les êtres humains se libèrent ensemble ». Un centre social ne peut être un projet d’émancipation que s’il est traversé par cette logique collective.

PARTIE 3 : Vers quel horizon ?

Ce que cette scène nous montre, c’est une dérive. Non pas un dysfonctionnement isolé, mais une tendance structurelle : le centre social, autrefois lieu d’expérimentation démocratique, devient un rouage du système qu’il devrait interroger. Il devient performant, compétitif, efficient. Mais au prix de quoi ? Il perd son dimension politique, son ancrage populaire, sa conflictualité créative.

Il nous faut réinventer les centres sociaux. Les re-radicaliser. Les reconnecter aux luttes. Les rendre à leurs habitants. Il nous faut sortir du management, pour retrouver le sens. Ce n’est pas d’un sauveur que nous avons besoin, mais d’un collectif vivant. D’un espace conflictuel, joyeux, politique.

Alors, est-ce cela un centre social aujourd’hui ?
Si c’est cela, alors ce n’est plus un centre social.
C’est un centre de services sous-traitant des politiques publiques.
Et il nous faut le dire. Pour mieux ouvrir d’autres possibles.

« Alors, est-ce cela un centre social aujourd’hui ? » : une question politique

Cette question n’est pas simplement rhétorique : elle interroge le sens, la finalité et l’identité même du centre social. Elle renvoie à une tension originelle : les centres sociaux sont-ils des relais de politiques publiques ou des espaces d’expérimentation sociale et d’émancipation populaire ? Leur définition officielle parle de structures de proximité à vocation sociale globale, familiale et intergénérationnelle, ancrées sur un territoire, favorisant la participation des habitants. Mais dans les faits, cette vocation est souvent vidée de sa substance. La question pose donc un problème de cohérence : peut-on continuer à appeler centre social un lieu qui ne fonctionne plus selon ces principes fondateurs ?

« Si c’est cela, alors ce n’est plus un centre social » : une critique ontologique

Le cœur du problème est ici : la perte d’identité. Quand le centre social cesse d’être un lieu d’écoute, de mobilisation des habitants, d’éducation populaire, de conflictualité démocratique, pour devenir un lieu d’exécution des politiques publiques, il n’est plus social, au sens critique et politique du terme. Il n’est plus un espace de transformation, mais de régulation. Il ne favorise plus l’autonomie, il gère. Il ne s’ancre plus dans le vécu des gens, il aligne ses objectifs sur des grilles d’indicateurs. Il n’est plus un commun, il devient un outil de gestion publique externalisée.

« C’est un centre de services sous-traitant des politiques publiques » : le basculement néolibéral

Ce qui se joue ici, c’est la conversion des centres sociaux en prestataires, intégrés dans la logique néolibérale de la commande publique. Ils répondent à des appels à projets dictés par les priorités des financeurs, souvent déconnectées des besoins réels du terrain. Ils deviennent évaluables, chiffrables, comparables, selon des critères de performance managériale. Ils assurent la paix sociale et la domestication des publics, en gérant les effets de la pauvreté sans jamais interroger leurs causes par exemple.

Le risque est énorme : ce glissement transforme des lieux de citoyenneté en guichets polyvalents. Le centre social devient un centre de services, qui n’a plus d’autre rôle que de maintenir un semblant de cohésion dans un tissu social déchiré par des politiques inégalitaires. Il sert à faire tenir ce qui devrait se transformer. Il devient une technologie de gestion des pauvres, des populations issues de l’immigration, des enfants, des mères, des opprimés et des dominés et non un outil de lutte contre la pauvreté, contre le racisme, contre le sexisme, contre les rapports sociaux de domination, contre les oppressions.

« Et il nous faut le dire » : une urgence éthique et politique

Se taire serait consentir. Dissimuler ces dérives derrière des mots vides comme innovation sociale, impact positif, territoire dynamique, reviendrait à participer à l’effacement progressif de toute critique. Il faut nommer les choses : la normalisation managériale des centres sociaux, la verticalisation des décisions, la dépossession des habitants, la réduction du travail social à une série de prestations. Il faut politiser ces constats. Les rendre visibles. Les partager. Pour ne pas se laisser piéger dans une logique de complicité passive. Pour résister.

« Pour mieux ouvrir d’autres possibles » : sortir de la résignation, reconstruire des communs

Cette phrase est une invitation à l’action. Dire les dérives, ce n’est pas céder au cynisme ou au désespoir. C’est au contraire créer un espace pour la réinvention. Des possibles existent déjà : des centres sociaux qui construisent de véritables espaces de participation, des équipes qui repensent les méthodes à partir du terrain, du sensible, du vécu des habitants, des structures qui refusent la langue de bois et défendent un ancrage populaire, critique, et politisé, etc.

Ouvrir d’autres possibles, c’est réaffirmer que le centre social peut être un espace de conflictualité démocratique, un lieu de transformation sociale, une maison commune où l’on construit de la puissance d’agir, où l’on produit du savoir populaire, où l’on s’organise collectivement. C’est remettre l’éducation populaire au cœur du projet.

Partie 4 : mais qui définit ce qu’est un centre social ? Une tension entre l’institution et l’histoire populaire

Quand l’État social s’approprie l’histoire populaire

Les centres sociaux sont nés dans l’histoire des luttes populaires, des mouvements d’éducation populaire, des pratiques communautaires, mutualistes, laïques, parfois chrétiennes ou marxistes bien avant que la CAF ne les finance. Ils ont été conçus comme des maisons du peuple, des lieux d’organisation collective, de résistance aux inégalités, d’émancipation culturelle et politique. Mais à partir du moment où l’agrément devient une norme centrale, c’est l’institution (la CAF, en l’occurrence) qui impose un cadre, une définition, des attendus, des critères, une temporalité, une logique de projet, d’évaluation, de partenariat, de conformité. Ce n’est plus le centre social qui dit ce qu’il est. C’est la CAF qui le définit. Or cette institution (aussi utile soit-elle sur certains aspects)  ne porte pas un projet politique d’émancipation ou de transformation sociale. Elle porte une politique familiale et sociale centrée sur la prévention, l’accompagnement, la régulation des populations les plus pauvres. Son référentiel est fonctionnel, normatif, gestionnaire, bien plus que politique ou populaire.

Une dépossession de la définition : quand l’État nomme à notre place

Il existe une dépossession sémantique et politique. Quand l’institution définit le centre social, elle ne fait pas qu’en poser les contours : elle en oriente la mission, les valeurs, les pratiques et les finalités. Cela signifie concrètement que la visée critique et collective de l’éducation populaire est neutralisée au profit d’une logique d’accompagnement des familles. Que la lecture politique des inégalités est évacuée au profit d’une approche psychologisante et individuelle ou encore territoriale. Que les habitants et les publics deviennent des bénéficiaires. Que les professionnels deviennent des opérateurs de politiques publiques. Et que les centres sociaux deviennent des sous-traitants du lien social dans des territoires abandonnés par l’État.

Si c’est la CAF qui définit ce qu’est un centre social, alors tout va bien pour elle, pour l’État, pour les services de l’État et pour la plupart des collectivités territoriales. Et tout peut être redéfini à sa mesure : les missions, les indicateurs, les cibles, le sens du travail. Le conflit disparaît. L’histoire est effacée. La politique est dissimulée.

Le centre social comme institution paradoxale : entre accueil et assignation

Cela remet en question l’illusion du partenariat entre les mouvements d’éducation populaire et les institutions sociales de l’État. Car ce n’est pas un partenariat d’égal à égal. C’est une relation dirigée de l’extérieur. Le financement est conditionné à l’adhésion aux objectifs CAF. L’agrément structure les pratiques et les temporalités. L’évaluation se fait sur la base de critères définis d’en haut. Dès lors, on ne peut plus faire comme si le centre social était encore un outil libre au service de l’émancipation collective. Il devient un lieu d’ambivalence, où les professionnels doivent ruser, détourner, négocier, composer avec une réalité institutionnelle qui contrôle les marges de manoeuvre sous couvert de soutien.

Un enjeu ontologique : ce qu’est un centre social aujourd’hui

Derrière tout cela, c’est une critique ontologique qui se dessine. Ce n’est pas seulement que le centre social ne fait pas ce qu’on attend de lui. C’est qu’il n’est plus ce qu’il prétend être. Il n’est plus un espace d’organisation populaire, il devient un dispositif de maintien de l’ordre social doux, un lieu de gestion du social, un guichet d’activités, un maillon intermédiaire entre l’administration et les habitants. Un centre social qui s’auto-évalue selon les grilles CAF ne peut pas se penser politiquement autonome.

Et maintenant ? Réouvrir le conflit, rouvrir l’histoire

Ce que produit ce modèle, c’est la pacification du travail social et de l’éducation populaire. Ce que nous devons faire, alors, c’est réouvrir le conflit politique sur la définition même du centre social.

Si c’est la CAF qui définit ce qu’est un centre social, alors ce n’est plus un centre social.
C’est un centre de service social aménagé pour répondre aux besoins de pilotage des politiques publiques. Ce n’est pas une structure d’émancipation collective, c’est une interface de gestion des pauvres, de la misère, des inégalités, des violences, etc. Il faut alors reprendre en main la définition du centre social, au nom de l’histoire, des pratiques populaires, et d’une autre idée du travail social : un travail qui ne gère pas, mais libère, politise, relie, construit.

Cela suppose de réhabiliter la mémoire des luttes populaires et de leur ancrage dans les quartiers. Mais aussi de réaffirmer des pratiques collectives, réflexives, critiques au cœur du projet social. Et de refuser de se laisser définir de l’extérieur. Et pourquoi pas, de désobéir à certains cadres d’évaluation ou de financement, quand ceux-ci trahissent la visée émancipatrice initiale.